Articles

Jane Goodall, une lady de la nature

Il y a cinquante ans, Jane Goodall partait étudier les chimpanzés en Tanzanie. Elle se bat maintenant pour l’environnement. Portrait.

Jane Goodall était à Paris lundi pour un débat sur la biodiversité avec Yves Coppens.

Jane Goodall était à Paris lundi pour un débat sur la biodiversité avec Yves Coppens.

Avec sa voix fluette et ses cheveux blancs sagement noués, Jane Goodall, 76 ans, ressemble à une douce lady anglaise. Pourtant, c’est une aventurière, défenseure infatigable de la nature, qui passe « 300 jours par an à travers le monde pour éveiller les consciences ».

Dans la jungle avec sa mère
Il y a cinquante ans, le 14 juillet 1960, elle débarque avec sa tente au Tanganyika, l’actuelle Tanzanie, pour étudier les chimpanzés sous la houlette du professeur Louis Leakey, également mentor de Dian Fossey. « Les autorités refusaient que je reste seule dans la jungle, j’ai donc été accompagnée par ma mère », raconte-t-elle, amusée. Elle y restera jusqu’en 1986.

Des singes rendus plus humains
Par sa méthode d’observation des grands singes, fondée sur l’empathie, elle fait une découverte qui brouille la frontière des espèces: les chimpanzés peuvent fabriquer des outils et avoir des sentiments. « Les scientifiques connaissaient déjà les similitudes biologiques entre l’homme et le singe, mais pas l’aspect psychologique, explique Jane Goodall. Pour eux, seuls les humains peuvent avoir une personnalité. »

« La toile de la vie nous soutient »
Au delà des grands singes, la scientifique aide les populations locales à se développer sans piller la nature. De passage à Paris, elle alerte sur la crise de la biodiversité. « Je préfère parler de la toile de la vie : si on tire un fil, on détruit tout. C’est important de faire comprendre aux gens que c’est cette toile qui nous soutient. »

Sensibiliser la jeunesse
Jane Goodall a aussi lancé un programme d’éducation pour les enfants : 150 000 groupes se sont formés dans 120 pays. « Les gens s’inquiètent pour la planète, mais se sentent impuissants, analyse Jane Goodall. Mais si des millions de personnes éteignent le robinet, leur ordinateur, nettoient une rivière… cela fait une différence. »

Bio express
• 1934 : naissance à Londres.
• 1960 : début de ses recherches en Afrique.
• 1965 : doctorat d’éthologie à Cambridge.
• 1977 : création de l’institut Jane Goodall.
• 1991 : programme Roots and shoots pour les enfants
• 2002 : messager de la paix aux Nations-Unies.

Un aperçu peu réjouissant du changement climatique en Afrique

Si les nouveaux rapports et estimations concernant l’impact du changement climatique ne manquent pas, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) conserve en la matière une position d’autorité.

L’édition 2009 de l’Étude sur la situation économique et sociale dans le monde, un rapport publié chaque année par le Département des Affaires économiques et sociales des Nations Unies, est consacrée à la question du changement climatique. Certains effets importants du changement climatique dans différents pays africains y sont présentés sous la forme d’un guide accessible et quelque peu troublant, réalisé à partir des rapports du GIEC.

Voici ici un aperçu des grandes lignes de ce guide.

Sécurité alimentaire

Afrique du Nord, du Maroc à l’Egypte

D’ici 2100, la production agricole pourrait subir des pertes correspondant à entre 0,4 et 1,3 pour cent du Produit intérieur brut (PIB) moyen.

Égypte: d’ici 2050, les hausses des températures risquent de provoquer une baisse de la production de diverses cultures céréalières, allant de 11 pour cent pour le riz à 28 pour cent pour le soja.

D’après les prévisions, les précipitations devraient décliner, ce qui aurait une incidence sur le débit du Nil, tandis qu’une hausse du niveau de la mer affecterait la production alimentaire dans le delta du Nil.

Afrique de l’Ouest

D’ici 2100, la région pourrait subir des pertes agricoles représentant deux à quatre pour cent de son PIB moyen. La hausse des températures moyennes annuelles à l’échelle planétaire provoquerait un réchauffement des mers, qui affecterait les activités de pêche dans le nord-ouest de l’Afrique.

Golfe de Guinée : Les activités de pêche et d’aquaculture des lagunes sont menacées par la destruction des plages qui délimitent les lagunes côtières, car ces barrières naturelles très peu élevées ne résisteraient pas à la hausse du niveau de la mer. La modification des régimes pluviométriques pourrait en outre affecter la quantité d’eau présente dans les cours d’eau qui alimentent les lagunes.

Guinée : Entre 17 et 30 pour cent des rizières existantes pourraient être inondées de façon permanente d’ici 2050.

Bénin et Côte d’Ivoire : Les inondations risquent d’entraîner la salinisation des terres du littoral, ce qui représente une menace pour la production d’huile de palme et de noix de coco.

Afrique de l’Est

D’après les prévisions, les précipitations devraient augmenter dans certaines zones de la région. La vie végétale et animale du Lac Tanganyika pourrait être réduite d’environ 20 pour cent, et les rendements de la pêche risquent de diminuer de 30 pour cent.

Au Kenya, une hausse d’un mètre du niveau de la mer pourrait affecter la production de mangues, de noix de cajou et de noix de coco, provoquant des pertes de près de 500 millions de dollars par an.

Du côté des effets positifs du changement climatique, on peut citer les hautes terres d’Éthiopie, où la saison de croissance est susceptible d’être allongée par les effets combinés de la hausse des températures et de l’amélioration des précipitations.

Afrique australe

Les phénomènes El Niño – augmentation des températures des eaux de surface de l’Océan Pacifique central et oriental – risquent de devenir plus fréquents, ce qui perturberait les précipitations et provoquerait indirectement une baisse sensible de la production de maïs.

En revanche, en raison de l’augmentation des températures et du niveau des précipitations, la saison de croissance pourrait durer plus longtemps dans certaines zones de l’Afrique australe, comme le Mozambique.

Afrique du Sud : La production céréalière sud-africaine, qui est la plus importante d’Afrique, pourrait voir ses recettes nettes baisser de 90 pour cent d’ici 2100.

Ressources en eau

Afrique du Nord

Le nombre de personnes concernées par le stress hydrique pourrait augmenter d’ici 2055, en particulier en Egypte, où, dans un contexte de forte croissance démographique – la population devrait atteindre entre 115 et 179 millions d’ici 2050 – les besoins en eau seront sans doute de plus en plus importants, du fait de la hausse des températures.

Afrique de l’Est et de l’Ouest

Selon les prévisions, les précipitations devraient augmenter dans ces régions, ce qui conduirait à la multiplication des sécheresses dans l’est du continent, et des inondations dans l’ouest.

Afrique australe

Dans la région, des zones étendues subissent déjà des pénuries d’eau ou doivent lutter contre la désertification croissante liée à l’aridité du climat. On peut donc s’attendre à ce que le nombre de personnes confrontées au stress hydrique augmente d’ici 2055, du fait de l’irrégularité ou du déclin des précipitations.

Santé

Afrique de l’Ouest

Bonne nouvelle ! D’ici 2050 et au-delà, une grande partie de l’ouest du Sahel sera probablement devenue impropre à la transmission du paludisme.

Afrique de l’Est

D’après des études portant sur les parasites, les hautes terres d’Éthiopie, le Kenya, le Rwanda et le Burundi, qui sont pour l’instant épargnés par le paludisme, pourraient subir de modestes incursions du parasite d’ici 2050, et devenir totalement propices à la transmission de la maladie d’ici 2080.

Dans certaines régions de Somalie, qui présentent actuellement de faibles taux de paludisme, la prévalence de cette maladie pourrait fortement augmenter.

Les épidémies de fièvre de la Vallée du Rift – qui ont été particulièrement importantes lors de l’événement El Niño de 1997-1998 en Afrique de l’Est, et qui sont liées aux inondations – pourraient devenir plus fréquentes et toucher des zones plus étendues, en raison de la multiplication des événements El Niño.

Afrique australe

Le paludisme risque de toucher des zones de plus en plus nombreuses. On prévoit en effet une expansion vers le sud de la zone de transmission, qui affecterait le Zimbabwe et l’Afrique du Sud.

Certaines parties des hautes terres de l’Angola, où les cas de paludisme sont aujourd’hui relativement rares, pourraient devenir tout à fait propices à la transmission de la maladie d’ici les années 2080.

La région des Grands Lacs (Afrique)

À l’instar des célèbres Grands Lacs d’Amérique du Nord, les Grands Lacs d’Afrique sont un système de lacs localisés en Afrique de l’Est. Orienté dans le sens nord-sud, cet ensemble révèle la partie méridionale de la Rift Valley. Il comprend le lac Victoria, le troisième lac du monde par sa taille. Les grands lacs sont (superficie / profondeur maximale) :

– Lac Tanganyika (32 900 km² / 1 433m)
– Lac Victoria (68 100 km² / 82m)
– Lac Malawi (30 900 km² / 706m)
– Lac Turkana (6 405 km² / 109m)
– Lac Albert (5 270 km² / 51m)
– Lac Édouard (2 150 km² / 117m)
– Lac Kivu (2 700 km² / 485m)
– Lac Kyoga (1 720 km² / 5,7 m)

Certains considèrent que seuls les lacs Victoria, Albert et Édouard constituent les Grands Lacs car ce sont les seuls qui se jettent dans le Nil Blanc. Les lacs Tanganyika et Kivu se jettent tous deux dans le fleuve Congo.

Région des Grands Lacs

Cette région est l’une des régions les plus fortement peuplées du monde avec une population estimée de 107 millions d’habitants. En raison de son ancienne activité volcanique, cette partie de l’Afrique est aussi l’une des régions les plus fertiles. Son altitude lui donne aussi un climat plutôt tempéré en dépit de sa localisation équatoriale. Ce climat facilite beaucoup l’élevage (le bétail reste à l’écart des maladies), en particulier de bovins et de chèvres.

De par la densité de la population et le surplus agricole de la région, la zone s’est fortement organisée en de nombreux petits États. Les plus puissantes de ces monarchies étaient le Rwanda, le Burundi, le Buganda et le Bunyoro. À l’inverse des autres régions d’Afrique, les anciennes frontières ont été souvent maintenues par les puissances coloniales.

Très convoitée en tant que source du Nil, la région intéressa longtemps les Européens. Les premiers à arriver dans la région en nombre furent les missionnaires. Ils connurent un succès limité dans la conversion des autochtones. Le contact accru avec le reste du monde conduisit à une série d’épidémies catastrophiques concernant à la fois les êtres humains et le bétail. La population de la région décrut énormément, jusqu’à 60 % dans certaines zones. La région n’est revenue à son niveau démographique précolonial que dans les années 1950.

Considérée comme une région avec un grand potentiel après l’indépendance, la région a subi au cours des dernières années des guerres civiles, des violences intenses et un génocide, qui l’ont laissé dans un grave état de pauvreté dont seuls le Kenya et la Tanzanie sont exempts.